Auteur/autrice : Beur-Boy

Kévin Bacon, Psithurisme Nostalgique

Restober #3 – Self-Care.

Cher Journal du Garçon qui voulait juste ne rien faire du tout,

Self-Care. Prendre soin de soi.

Est-ce que ça marche si exceptionnellement je prends soin de quelqu’un d’autre ? Kévin Bacon est malade. Le pauvre petit. Alors aujourd’hui, j’ai décidé d’être le petit ami adorable.

Oui. Enfin. Dans la limite de ce que je peux faire en réalité. C’est à dire pas grand chose hormis chauffer de l’eau pour du thé et lui servir des gâteaux que je n’ai pas fait. Ah la vie d’un parfait époux d’intérieur.

Je suis et resterai à jamais une Susan Mayer. Je crois qu’on ne peut pas lutter contre son destin.

Et mon destin m’a dit « sois juste gentil« .

Baille bye.

Psithurisme Nostalgique

Restober #2 – Rest Day.

Cher Journal du Garçon qui voulait juste ne rien faire du tout,

Rest Day. Un jour pour se reposer.

Bon. C’est raté. Je suis exténué. J’ai passé ce samedi avec mes amis. Rendez-vous pour manger un grec ensemble. Je suis sorti habillé en jogging (haut + bas).

Oui. Moi. En jogging. J’ajoutais une paire de Uggs qu’on penserait que je renonçais à la vie.

Le grec était meh. Trop d’oignons. Crise de hoquet interminable. Tout l’après-midi. Pendant le thé. Pendant tout le trajet en bus pour rentrer. Pendant les courses. Pendant que l’on préparait à manger. Pendant que l’on mangeait. Pendant les séries. Je n’en pouvais plus. Et Dieu merci, j’ai réussi à le calmer avant le coucher.

C’était épouvantable.

J’ai rayé l’adresse de ce grec de ma vie et je me suis promis de ne plus jamais porter le haut et le bas de ce jogging ensemble. Je reste persuadé que le hoquet qui dure un après-midi, c’était juste mon corps qui m’insultait de façon compulsive sur ma tenue.

Baille Bye.

Journal de Bord Éternel

Restober #1 – Do Nothing.

Et si on convenait d’une pause. Une pause d’un mois où l’on prendrait soin de nous. Sans honte. Ni regrets ni remords. Un moment pour soi. Ou pour les autres.

Je m’apprêtais à faire #Iwak ou #blogtober, sans être réellement inspiré par la liste de thèmes. Quand soudain, quelqu’un a posté ce défi sur Twitter.

Et je me suis dit. OUI. Voilà ce dont j’ai besoin. Après ces deux années exténuantes moralement. Et quand bien même, cela ferait un an que je n’ai pas travaillé.

Et si je m’accordais, allez, au moins cinq minutes par jour ? Pour sortir de cette injonction à faire quelque chose. À toujours devoir être productif. À chaque minute de cette putain de journée. Et me libérer de la culpabilité qui m’empare, chaque fois que le jour se couche et que je me dis : « je n’ai encore rien foutu aujourd’hui, ça craint« .

Non, ça ne craint pas.

La société nous presse et nous essore. Elle ne nous rend pas le quart de ce que nous lui donnons. Elle nous ramasse, jeunes et vigoureux et nous rejette quarante ans après. Desséchés, épuisés. Comme des mouettes mazoutées sur la plage.

J’ai fait pratiquement la moitié. Mais en regardant ce qu’il me reste à accomplir. Et sachant qu’on nous demandera de travailler encore plus longtemps. Je m’interroge.

Sommes-nous fait pour travailler ?
Est-ce que je ne peux pas juste rester chez moi à dessiner, écrire des histoires, manger et dormir ?
Et est-ce que je pourrais me réincarner en chat la prochaine fois ?

Je savais que les confinements successifs laisseraient leurs marques. J’avais peur de m’enfoncer davantage dans ce côté casanier. Et d’avoir du mal à en sortir par la suite.

Ce mois-ci, j’ai envie de faire le chat. D’assumer mon besoin de rester encore chez moi avant de devoir me replonger dans le bain de la Productivité.

Alors, pour un mois au moins. Bienvenue dans mon Journal du garçon qui voulait juste ne rien faire du tout.

Baille Bye.

Le Garçon Stellaire, Mascara for Masc

Le rituel du mois des Fiertés.

Se poser en terrasse. Et faire tourner des têtes. Se faire draguer par un gars qui passait son chemin. Être maté par ce crâne rasé qui est deux tables plus loin. Voir les serveurs être tout sourire avec vous et vous lâcher des clins d’oeil. Se voir demander dix euros juste pour aller aux toilettes par un garçon qui voulait juste entamer la conversation avec vous. Des regards. Des gentilles attentions. Des messages privés sur Twitter pour me dire que l’on m’a aperçu et m’écrire des gentillesses.

C’était une belle journée. J’ai bu une bière et quatre cocas. Mon short n’avait jamais été aussi court. Et j’ai offert un sourire à tout le monde.

J’ai répété ce petit rituel quasiment tous les jours sur les deux premières semaines de Juin pour profiter du beau temps. Et me poser là où flottent les drapeaux arc-en-ciel.

Pour moi, deux fois par an, mes communautés m’appellent et je ressens le besoin de m’y fondre. Le Ramadan puis le Mois des Fiertés. Comme deux rendez-vous à ne pas manquer. Pour pouvoir faire partie d’un Grand Tout.

De recharger mes batteries avec les miens pour me permettre d’être qui je suis le reste de l’année.

Il me reste encore quelques jours.
Et qui sait, peut-être même que j’en profiterai tout l’été.

Je ne suis pas obligé de retourner hiberner/hiverner tout de suite.

Kévin Bacon, Pretanama

Un Croyant qui jeûne.

Cette année, pendant le Ramadan, j’ai fait le coursier entre ma Mère et Kévin Bacon*. Elle nous préparait de la Charba et ou des bricks. Et je nous apportais le tout à vélo les soirs où je cassais mon jeûne chez Lui.

Douze ans. Cela fait maintenant douze ans que nous sommes ensemble. Et si je ne sais pas ce que nous réserve précisément l’avenir. Je sais une chose. Ce Garçon a été fait pour moi.

C’est ce que je me suis encore dit, lorsqu’il m’a acheté cette grosse boîte de dattes. Et lorsqu’il m’a laissé dormir plus longtemps que d’habitude – parce que le Ramadan influe de plusieurs façons sur le sommeil. C’est ce que j’ai pensé aussi quand il a veillé à ce que je ne manque de rien le soir. Et quand, alors qu’il avait faim, il a patiemment attendu l’heure pour moi de manger pour que l’on puisse le faire ensemble.

C’est surtout ce que j’ai ressenti quand je me suis souvenu qu’avec les deux précédents je n’avais pas jeûné. Parce qu’à l’époque, je m’étais retrouvé dans une situation où je n’arrivais pas à concilier les deux. Cela ne venait pas d’eux. Mais j’étais perdu parce que je ne savais pas qui je pouvais être exactement.

Lorsque ma copine S. s’est mariée. Je lui avais posé la question.

Juive, elle n’avait fréquenté que des garçons juifs. Elle n’avait connu rien d’autre. Pourquoi ?

Elle m’avait répondu qu’elle avait voulu rencontrer quelqu’un qui la comprenne. Entièrement. Une personne avec qui elle n’aurait pas l’impression d’imposer quelque chose. Où tout serait simple, notamment la religion, parce qu’ils partageraient les mêmes choses. Point de discorde ni de divergence.

J’avais compris ce qu’elle avait désiré. Je n’étais sorti qu’avec des garçons athées et blancs. Des garçons avec lesquels je n’avais pas pu/réussi à être entièrement moi.

Et j’ai réalisé, qu’il y a quelques années quand je m’étais senti perdu, c’était parce que j’avais gommé sans cesse qui j’étais pour me fondre dans des couples (et groupes) dans lesquels quoi qu’il arrive j’étais perçu comme différent. Et sans réellement savoir ce que mes ex pouvaient en penser, j’avais eu si peur de « m’imposer » que j’avais renoncé.

Kévin Bacon m’a permis d’être qui je suis, de poser toutes mes facettes sur la table et de dire. Tout cela. C’est moi. Je ne m’impose pas. C’est juste qui je suis. Un Croyant qui jeûne.

* Ramadan et Bacon dans la même phrase. Cocasse.

Le Garçon aux Pieds Nus

Les documents.

Les papiers du divorce sont arrivés la semaine dernière. Et me voilà perdu au milieu de sentiments ambigus.

C’est une séparation étrange. Mi-désirée, mi-subie. Clore huit années de sa vie n’est certainement pas la chose la plus enthousiasmante qu’il soit.

Pourtant. Je ne suis pas particulièrement triste. Ni ravi. Ni en colère. Je peux percevoir un soupçon de ressentiment. Très léger. Et je n’arrive pas réellement à comprendre ce qu’il fait là. Je ne pense pas qu’il perdure ni même qu’il devienne plus imposant. Je ne le laisserai pas.

J’essaie d’analyser ce que je ressens. Ce que cela implique et quelles devront être mes prochaines décisions. Mes prochains pas. Mais dans ce concert de sentiments confus, j’ai préféré mettre les documents de côté. Et les signer plus tard.

Procrastination ? Non, je sais que je les signerai. Je n’avais juste pas envie d’y penser. Là, toute de suite, maintenant.

Déni ? Non plus. La situation avait été actée en septembre dernier. Et ces six derniers mois m’ont permis d’expérimenter cette vie sans. Sans.

De quoi ai-je envie maintenant ? De milles choses.

J’ai tout pour plaire. Je me connais suffisamment. Je sais ce que je veux. Et ce que je ne veux surtout pas.

J’ai pensé à mon âge. À l’impression d’avoir perdu du temps. D’être entré dans la situation sanitaire actuelle en étant jeune, intéressant, attractif si l’on peut dire et d’en sortir vieux, largué et moins désirable.

Mais chaque casserole a son couvercle. Et je suis un putain de beau chaudron.

Alors. Je le sais. Je retrouverai un travail.