Mélancolie Apocalypse

Mélancolie Apocalypse

iwak #30 – de mauvais augure.

Comme je l’ai déjà dit. Je suis de nature plutôt positive et optimiste généralement.

Mais depuis quelques années. Le climat ambiant me fait peur. J’ai l’impression que nous sommes allés dans la mauvaise direction.

Les crises économiques successives qui ne touchent que ceux qui n’y sont pour rien. Jamais ceux qui les provoquent – eux s’enrichissent. Pour moi qui adore marcher dans Paris la Nuit, c’est voir de plus en plus de gens dormant dehors. De personnes faisant la manche. Et sombrant souvent dans la folie.

Souvent je me suis demandé. Comment. Comment peuvent-ils se réinsérer. Revenir à une vie « normale » ? Et pourquoi nos modèles de société ne garantissent pas à tout le monde de pouvoir vivre normalement ?

Pour moi c’était de mauvais augure.

Le repli sur soi. Le Racisme décomplexé. Je l’ai vécu dès 2007. Pour moi. Il y a eu un avant et un après Sarkozy. La libéralisation des idées islamophobes, les attaques répétées envers les personnes originaires de la banlieue. Nettoyer au Kärcher disaient et validaient ceux qui finalement allaient multiplier les mises en examen.

C’était aussi de mauvais augure.

La montée des extrêmes en Europe. La multiplication des attentats. Sans réellement savoir qui répond à quoi. Cercle vicieux ? Boucle infernale ? Ou incidence réciproque ? Comment finalement on assiste à un combat continu depuis de nombreuses années entre le Mal et… le Mal.

Et le Bien ? Pas assez visible.

C’est aussi de mauvais augure.

Le dérèglement climatique. La disparition inquiétante et rapide des espèces. Les aberrations industrielles. Pourquoi trouve-t-on du désherbant dans les tampons ?! Les listes de composition des produits pour peu que l’on puisse les comprendre sont devenues incroyables.

Et puis l’appauvrissement intellectuel. L’effondrement des compétences. De la réflexion. Avoir par moment l’impression de vivre l’Idiocracy. Les anti-mariage pour tous. Les antivax. Les platistes. Les anti-masques.

Je dois avouer que par moments. J’en suis venu à vomir le Monde.

Et soudain. Une pandémie. L’impression que la Terre tente tout pour se défaire des Hommes. Est-ce que l’Agent Smith disait vrai ? Sommes-nous réellement un virus ?

Et là ? Est-ce toujours de mauvais augure ? Ou sommes-nous finalement arrivés à la Fin ?

Mélancolie Apocalypse, Psithurisme Nostalgique

Delete Forever?

J’avais besoin de ces trois semaines de vacances.

A vrai dire. Peu m’importait l’endroit. Je souhaitais marquer une pause. Et ne plus penser. L’espace de quelques jours. A tout ce qui m’alourdissait.

Comme une fin de saison typique d’une série américaine prévisible. Une accumulation d’événements et de coïncidences me menait à une situation difficile à gérer.

J’étais épuisé. Et j’avais besoin d’un moment.

La situation anxiogène globale concernant le Virus. L’absence de vision claire. Des scènes du quotidien ressemblant maintenant à celles de films de science-fiction. Des masques partout. Tout le temps.

Le petit mal de tête autrefois anodin qui crée la panique et te pousse tantôt à ne pas faire la bise à tes parents vulnérables de peur de les infecter. Et tantôt à vouloir carrément t’isoler au cas où.

Mais tu ne peux pas t’isoler. Tu veux être là pour aider un maximum tes parents qui vieillissent. Parce que tu sais que ce n’est que le début. Et au détour d’une conversation, pour expliquer à une amie ce qu’est Alzheimer, tu mets finalement à haute voix des mots sur ce qui arrive à ton Père.

Chaque jour, il va perdre en autonomie. Et paradoxalement, chaque jour, il ira mieux que le lendemain.

Alors, oui. Tu souris aujourd’hui parce que pendant quelques minutes il t’a confondu avec un vieil ami et t’a demandé en quelle année tu étais arrivé en France. Mais quand ton sourire s’estompe, tu saisis aussi qu’un jour il n’y aura plus rien. Plus un seul souvenir. Ni de ce vieil ami. Ni de toi.

Tu habites le plus près. Et tu vis seul. Tu n’as pas (encore) lancé ta famille. Alors tu te dis que tu dois aider un maximum. Mais tu ne te reposes pas assez. Parce que tu crois comme toujours que tu es invincible et/ou sept personnes à la fois.

Et puis. Les nouvelles au boulot ne sont pas bonnes. Tes perspectives d’évolution au travail s’amoindrissent. Le virus a, là aussi, tout balayé. Et tu apprends quelques jours avant tes vacances que ça ne sent pas bon. Et que c’est bientôt la fin.

Tu souris et tu l’encaisses. Sans réellement en parler. Pour n’inquiéter ni les parents ni les proches. Tu te montres confiant. Tout ira bien. Et tu ranges ça très loin au fin fond de ton estomac là où tu caches tout habituellement.

Et la veille du départ. Tu demandes à une personne de ne plus te suivre sur les réseaux sociaux et de ne plus te contacter. Parce que depuis longtemps déjà tu ne saisis pas pourquoi toi. Pourquoi ces messages. Pourquoi ces interactions compliquées.

Et comme toujours quand tu dois être dur avec quelqu’un. Tu finis par avoir des remords. A imaginer le pire pour cette personne parce qu’il ne poste plus rien depuis. Et à t’en vouloir.

Mais la perspective qu’une personne que tu ne connais pas réellement ait accès à des informations privées, se souvienne en détail de choses sans importance que tu as écris il y a mille tweets, fait que tu t’assieds un instant au milieu de chez toi.

Et que tu te dises que tu dois tout couper.

Alors tu prends l’avion au petit matin et tu souffles un bon coup.

Et trois semaines plus tard, tu reviens.

Mélancolie Apocalypse, Psithurisme Nostalgique

Confinement of the Daleks.

Je suis donc strictement confiné depuis le 24 Mars. Je ne sors qu’une fois par semaine pour aller faire des courses.

Mes journées sont plus ou moins routinières. J’ouvre les yeux vers 8h22 peu importe l’heure tardive à laquelle je me suis couché. Sans doute à cause du soleil qui rentre dans ma chambre. Je les referme et me réveille beaucoup plus tard. Je traîne au lit. Je joue à Mario Kart sur mon téléphone. Je faisais même du sport avant le Ramadan. J’écoute de la musique en rangeant. Je cuisine. Je regarde de vieilles séries en dessinant. Et je me couche lorsque le soleil se lève.

En me connectant à Houseparty. J’ai eu l’impression d’être Clara Oswald lors de sa première apparition dans Doctor Who à l’épisode Asylum of the Daleks.

J’ai eu cette image de Clara. Seule. Répétant les mêmes gestes chaque jour. Jusqu’à l’apparition du Docteur sur son écran. Et je me suis dit que j’étais devenu Soufflé Girl.

Enfermé dans mon Dalek.

Lorsque j’écoute de la musique. Mon petit jeu. C’est de dire à haute voix le nom de la personne à qui elle me renvoie. C’est amusant et à la fois triste. Le fait d’avoir attribué, plus ou moins inconsciemment, des musiques à des personnes et/ou des moments.

Par exemple, je sais que chaque fois que Mariners Appartment Complex de Lana Del Rey passe, je pense à Barry. C’est comme ça. Pas autrement. Elle est sortie quand il nous a quitté.

Je n’ai pas pu écrire « mort ».

En fait. Chacun de mes Chagrins à au moins une chanson dans cette putain de bibliothèque iTunes. Je devrais en faire une playlist et la partager un jour.

J’ai dit Chagrins ? Je voulais dire Garçons.

Je suis dans mon appartement depuis maintenant 15 ans. Et j’en ai accumulé des choses. Alors j’ai décidé d’utiliser le confinement pour trier, ranger un peu et faire de la place. J’ouvre des boîtes cachées dans des placards. Et c’est un peu Schrödinger. Je ne sais pas si je vais sourire ou avoir le spleen en en voyant le contenu.

J’ai la sensation de découvrir une autre personne à chaque fois. J’ai retrouvé le fameux journal intime de 2002. Des brouillons de billets de blog énigmatiques et très durs. De vieux CD gravés avec des musiques oubliées, des vieux clips, des photos ou du porno. Une pile de très vieux Têtu. Des cartes postales et des flyers de soirées.

Des flyers de soirées… Mon Dieu je suis devenu un dinosaure.

Côté séries. J’avais déjà refait Six Feet Under, Sex and the City et True Blood avant le Confinement. Du coup, là, j’ai opté pour Desperate Housewives et j’ai très envie de faire l’amour avec Carlos Solis.

Il me fait penser à un oncle lointain sur lequel je fantasmais étant (très) jeune. Je l’imaginais s’allonger sur moi. Et ça suffisait à me faire décoller.

Il me fait aussi penser à Andy Onassis. Vous chercherez quand vous serez seuls chez vous. Lui, j’imagine même l’odeur de sa peau tant il m’excite.

Cela fait maintenant plus d’un mois que je suis enfermé.
Chez moi ou à l’intérieur d’un Dalek.

Et je crois qu’en fait, je ne mets pas uniquement de l’ordre dans mon appartement.

Mélancolie Apocalypse, Psithurisme Nostalgique

Confiné.

J’ai toujours été très solitaire.

Je me souviens de moi. Ado. Dans ma chambre-forteresse. Passant mon temps à dessiner ou à écrire des histoires. Pendant que mes Frères sortaient avec leurs copains et faisaient du foot.

Je me souviens de moi. Jeune adulte. Dans mon appart. A bloguer alors que j’entendais les gens dehors se regrouper et passer le temps.

La vérité. C’est qu’intérieurement. Je sais que je pourrais rester enfermé plusieurs jours sans ressentir le besoin de voir quelqu’un. Parce que j’apprécie de me retrouver seul. Avec Moi. Dans mon monde.

J’ai toujours ressenti le besoin de m’enfermer. De m’isoler. Sans autres voix. Juste Moi.

C’est d’ailleurs amusant. Comme. Dans ma tête. « S’évader » signifie « m’isoler ». L’image que j’ai de l’évasion me renvoie toujours à moi, seul, entre quatre murs. Je m’évade dans mon monde.

C’est véritablement en commençant à travailler à temps plein et à sortir avec des garçons que j’ai compris que ce n’était pas compatible avec une vie d’adulte.

J’ai dû procéder à des ajustements. Pour ne pas blesser mes proches par ce côté trop solitaire. Pour ne pas perdre davantage d’amis, frustrés par mes silences radios. Et pour ne pas repousser les garçons, refroidis à l’idée de ne pouvoir vraiment entrer.

J’ai donc appris à sortir. A donner des nouvelles. A prendre des nouvelles (le plus dur). A répondre « oui » à des propositions de diners/soirées, alors que je n’avais qu’une envie, rester/rentrer chez moi.

Et j’ai eu de la chance. J’ai rencontré un garçon (presque) aussi solitaire que moi. Et nous avons pu accorder nos rythmes et synchroniser nos natures de façon à ce que ni l’un ni l’autre ne se sente brusqué ou forcé à changer.

Alors vous pensez bien que non. Je n’ai pas eu peur de devoir me confiner seul. Au contraire. C’est qui je suis. J’ai l’impression de revivre ce que j’ai toujours aimé faire plus jeune et que j’ai un peu perdu avec ma vie d’adulte.

Je n’ai pas mal vécu le fait de me retrouver avec moi-même.
Je n’ai pas mal vécu le fait de devoir limiter mes interactions avec les autres.
Je n’ai pas mal vécu le fait de ne pas parler pendant de longues heures.
Et je n’ai pas mal vécu le fait de devoir m’occuper.

Non. Moi. Ma vraie crainte. C’est de m’enfoncer davantage dans ce côté solitaire. Et d’avoir du mal à en sortir par la suite.

Mélancolie Apocalypse

The Swamps of Sadness.

Cette année. La liste des personnes qui ne m’ont pas souhaité mon anniversaire s’est encore agrandie.

Et j’avoue que chaque année qui passe ne fait qu’accroître ce trou dans mon coeur.

L’année dernière, j’avais réussi à faire bonne figure et à tenir bon jusqu’à la fin du mois de Décembre. Où j’avais finalement fini par craquer un soir en rentrant avant de tout ravaler et de faire comme si de rien n’était.

Mais j’en suis arrivé à redouter mon anniversaire. Parce que je savais que les noms de ceux qui allaient l’oublier éclipseraient les noms de ceux qui y penseraient.

Et L’oublier s’est traduit en M’oublier.

Je me demande souvent sur ce blog si les gens pensent à moi comme je pense à eux. Et il m’est finalement apparu qu’il s’agissait là de la réponse finale.

C’est la malédiction liée à ma mémoire particulière. Et certainement aussi à la place que je vous offre dans ma vie, ma tête, et mon coeur.

J’ai eu envie de tagguer dans le ciel d’aujourd’hui un message à ceux qui occupent une place spéciale dans mon coeur et qui m’ont oublié.

A Ceux qui ont fini par ne plus me le souhaiter alors que je continue à leur souhaiter. A Ceux qui continuent à me le souhaiter en retard année après année sans jamais le noter quelque part.

Et à tous ceux qui ont fait que je ne me suis absolument pas senti spécial le jour de mon propre anniversaire.

J’abandonne.

Les Garçons, Mélancolie Apocalypse

J’attends toujours.

Pourquoi est-ce que je me souviens de leur date de naissance à Eux ? Mais pas de la sienne à Lui ?

Alors qu’il me manque tellement. Et qu’il m’arrive encore d’avoir la gorge serrée quand je pense à Lui.

Rechercher sa date de naissance. Et fouiller mon vieil iPhone pour la retrouver.

Le 8 Février.

Retrouvée dans nos derniers échanges. Entre je t’aime-s et reproches.

Il y avait aussi les détails de notre dernier rendez-vous. Le 9 Juillet 2010. Dans ce Starbucks.

C’était la fin. Tu m’as laissé le choix entre tourner la page et t’oublier ou accepter de ne plus avoir de nouvelles de toi, jusqu’à ce que tu le décides.

Et bientôt neuf ans plus tard. Ma main dans le vide attend toujours que tu le/te décides.

Bon anniversaire en retard. Dan.