Journal de Bord Éternel

Mélancolie Apocalypse

M16 – Je suis mon propre fantôme hantant les souvenirs que j’aime le plus.

Ce meme-ci reflète parfaitement mon hypermnésie. Je suis ce fantôme qui hante sans cesse ses souvenirs. Souvent les mêmes. Pas toujours ceux que j’aime le plus néanmoins.

J’ai un souvenir particulier avec chacun de vous. Que je revisite fréquemment. Quand au gré d’une association hasardeuse, l’hypermnésie le fait ressurgir.

Si un jour nous nous croisions. Pose-moi la question.

Quel souvenir de nous deux revisites-tu le plus souvent ? Et laisse-toi guider par ces détails que tu auras oubliés mais qui continuent de me hanter.

Et si tu m’aimes. Trouve pour moi un souvenir que je n’aurais pas sauvegardé. Et raconte-le moi.

J’aimerais tellement me voir à travers tes souvenirs.

Les Garçons, Mélancolie Apocalypse

M15 – J’aurais dû t’enlacer plus fort encore la dernière fois où je t’ai vu.

Lorsque je suis tombé sur celui-ci. J’ai tout de suite pensé à Ekkooo.

J’avais rencontré Ekkooo en Décembre 2007 autour d’un chocolat chaud. Et j’avais craqué sur lui. Je n’y pouvais absolument rien. Son odeur, sa peau, ses cheveux blonds. J’avais l’impression que mon corps l’appelait constamment. Comme un aimant.

Chaque fois que je le voyais. Il fallait que je le touche. Qu’il m’enlace. J’avais l’impression de n’avoir jamais assez de ses accolades. Ça ne me suffisait pas. J’avais besoin de complètement disparaître, me fondre dans ses bras.

Et c’était possible. Il était grand et massif.

Mais j’étais intouchable. C’était tout le monde sauf moi. Surtout pas moi. Une sorte de constante dans ma vie amoureuse qui allait finir par me faire me sentir non désirable et invisible.

Cette voix à l’intérieur de moi qui voulait leur hurler REGARDEZ-MOI m’a finalement rongé de l’intérieur. Et peu à peu, je suis devenu un monstre avec les Garçons. Que j’allais finir par épuiser deux ans plus tard.

En Juillet 2009, sentant venir une dernière confrontation qui serait pénible. Ekkooo s’était désisté à la dernière minute. Avant de lâcher ce tweet.

Ekkooo : est à Madrid pour m’amuser avec des amis de plusieurs années qui ne me jartent pas pour un oui ou pour un non

C’était fini. Et je ne l’ai pas revu pendant deux ans.

En Septembre 2012, il est entré dans ce restau japonais qu’il m’avait fait découvrir. J’y étais avec des amies. C’était une véritable coïncidence. Je me suis levé. On s’est salué poliment. Puis je me suis rassis.

Avant de brusquement me relever à nouveau pour l’enlacer.

Je n’avais pas pu me contrôler. C’était la mémoire du corps. Du mien. Et une fois cette impulsion contrôlée, je l’avais lâché.

Et même si cela n’a duré que quelques secondes, j’avais tout de suite regretté de n’avoir pas su me contenir.

Après cela, chacun sa table. Et chacun sa vie.

Cela fait huit ans maintenant que je ne l’ai pas revu. J’ai plusieurs fois eu envie de faire un pas pour le retrouver. Avant de toujours m’en empêcher.

Il me manque. Et je me dis très souvent que j’aurais dû l’enlacer plus fort encore la dernière fois où je l’ai vu.

Psithurisme Nostalgique

M14 – L’art de se dévorer des yeux.

Je n’ai peur de rien. Et quand je remarque qu’un garçon me mange du regard. Je ne me laisse pas faire. Et j’accepte le défi.

Et même si je ne joue pas pour gagner – j’ai déjà tout ce qu’il faut. Je refuse de perdre.

Mes trajets en métro m’ont permis de parfaire mes techniques. D’aiguiser mon regard. Et de soigner ma stratégie. Et plus un garçon est mignon, plus je vais le faire transpirer. Et si vous souhaitez qu’un garçon soit à vos pieds. Voici la technique.

Il faut le mater une première fois.

En général, le garçon détourne timidement le regard avant de revenir vers vous. Là, soutenez-le une fois. Avant de complètement l’ignorer.

Ça. Les beaux garçons qui savent qu’ils sont beaux-garçons, ils n’aiment pas du tout. Vraiment pas du tout. Alors ils persévèrent. Et les voilà scotchés. En attente d’un nouvel échange.

Quand vous avez bien fait monter la pression en ne le calculant plus. Reprenez.

S’il est toujours en suspens à vous observer. Souriez-lui. Vous avez gagné.

Psithurisme Nostalgique

M12 – Le nouveau luxe c’est d’être hors-ligne.

Il est loin le temps où je pouvais être présent sur les réseaux sociaux en permanence.

C’était un luxe les réseaux sociaux. Celui de s’exprimer. Celui de garder le contact avec tout le monde. Celui de dire en un tweet que je me trouvais au Starbucks de la rue des Archives et de voir dans la minute qui suit y débarquer des gens que j’adorais.

Il serait inconcevable pour moi aujourd’hui de refaire la même chose.

Je suis sur Facebook et Twitter depuis 2007. TumblR depuis 2009. Et Instagram depuis 2011.

C’était cool. On était peu. Les interactions étaient différentes. On partageait pour partager. Non pour exister. Il y avait un côté Petite Communauté.

Chaque plateforme avait, à sa création, sa spécificité stricte. Les status sur Facebook, les 140 caractères maxi (et sans likes) de Twitter, les images et le fan service sur TumblR et les photos perso sur Instagram – très souvent des photos de bouffe.

On parlait alors de microblogging.

Puis de micro, les réseaux sociaux sont devenus envahissants. Transformés. C’était la course à qui attirerait le plus de nouvelles personnes avec des fonctionnalités dont on avait pas besoin. Et à qui réussirait à noyer les nouveaux arrivants dans un océan d’égos hurlant pour exister.

Les plateformes allaient continuer à muter jusqu’à ne plus rien à voir avec ce qu’elles étaient à l’origine.

Aujourd’hui, on peut acheter sur Facebook. Poster des stories sur Twitter. Créer sa boutique sur Instagram. Et se faire virer de TumblR pour du porno.

Dans le même temps, on est soumis aux effets secondaires. Les histoires à répétitions. La violence. Les m’as-tu-vu. Les trolls. Les plagiaires. Les mauvaises personnes. Les usurpateurs. Les pubs. La censure. Le commerce…

Nous n’étions pas tous armés à déceler le vrai du faux, le pathologique dans la mise en avant, le vide dans l’abondance. Certains espèrent encore voir dans leur écran un reflet du réel, du vrai.

Mais il n’y a plus réellement d’authentique.

Et peu à peu. Par période. De plus en plus de personnes ont eu besoin de se déconnecter. Quelques jours, parfois quelques mois. Certaines ne revenant même plus.

Dans notre recherche de réalité. On s’est rendu compte que le vrai luxe était d’être hors-ligne. De ranger son téléphone quand on était à table. De profiter du moment présent. Des gens présents.

Je serai toujours nostalgique de ce que les réseaux étaient avant. Mais aujourd’hui, comme pour le Travail, j’y fais valoir mon droit à la déconnexion. Je n’y vois plus de magie. Ce sont des simples outils. Et je n’y suis personne.

Nous sommes alors arrivés aux Roseaux Soucieux.

Le Garçon aux Pieds Nus, Mélancolie Apocalypse

M11 – c’est épouvantable d’être celui qui se souvient.

J’en parle assez souvent. Je souffre d’hypermnésie.

Je l’ai longtemps perçue comme un don. Mon petit plus. Mon petit pouvoir magique. Qui me permettait de me souvenir à l’infini de détails précis mais aussi parfois quelconques.

Le plus souvent des souvenirs personnels. Des odeurs. Des couleurs. Des dates. Des paroles. Des gestes. Des sensations. Des moments-clés. Des plus embarrassants. Des anodins. Des dérisoires.

Des éléments que tout le monde aurait oublié sauf moi.

Parce que je ne le peux pas. Parce que je n’ai pas la possibilité de sélectionner ce que je souhaiterais « sauvegarder ». Une sorte d’habilité incontrôlée.

C’est épouvantable d’être celui qui se souvient.

On est coincé dans le passé. Perdu dans ses souvenirs. Les pages ne sont jamais tournées. Elles subsistent. Pas un seul jour ne passe sans que l’on ait en mémoire un événement, un lieu, une personne. On est toujours en train de compiler des données révolues.

Compiler. Emmagasiner. Collecter. Sans cesse. Et chaque fois qu’un souvenir ressort. Très souvent de façon inopportune. Le ré-analyser encore et encore.

Et quand cela arrive, je suis persuadé que les gens voient sur ma figure la même roue arc-en-ciel qui apparaît sur l’écran de mon Mac quand il rame.

Et c’est souvent tellement absurde. Et ça bouffe de la place pour rien. Et ça fait mal à la tête.

Ce n’est pas juste d’être celui qui se souvient quand l’Autre peut oublier. Je peux revoir chaque rupture. Mais eux, se souviennent-ils seulement de mon visage, de m’avoir connu ?

C’est la raison pour laquelle je dis que souffre d’Hypermnésie et non que j’en suis doté.

Mais j’ai appris à vivre avec. Et paradoxalement, je serais effrayé à l’idée d’en être dépourvu. C’est à Moi. C’est Moi.

Lorsque je regarde mon Père perdre ses souvenirs les plus précieux chaque jour. Je redoute le jour où je perdrai les miens moi aussi. Et si jamais je devais à mon tour être atteint d’Alzheimer, est-ce que ce serait encore plus grave chez moi qui suis hypermnésique ? Est-ce que je les perdrais plus rapidement ?

Bloguer devait me permettre de me libérer un peu l’esprit en évacuant mes souvenirs et en les mettant en forme pour que je puisse les classer et les archiver. Mais avec le temps, je crois que bloguer m’a avant tout permis de les mettre en sécurité. Pour les jours où je n’y aurai plus accès.

C’est effrayant d’être celui qui se souvient. On a accès à un musée rempli de souvenirs qu’on est maintenant le seul à posséder. Pour se remémorer sans cesse des personnes qui nous ont, elles, potentiellement oublié.

Psithurisme Nostalgique

M10 – Mon poids idéal, c’est ton corps sur le mien.

J’ai toujours aimé ça. Sentir le poids d’un garçon sur moi.

J’avais déjà expliqué ici, que plus jeune, je fantasmais sur un oncle lointain. Et que la simple idée qu’il s’allonge sur moi m’excitait énormément.

Et effectivement. Mon poids idéal, c’est ton corps sur le mien. Et le plus lourd, le meilleur.

Parfois, j’ai juste envie de lui demander. Allonge-toi simplement sur moi. Rien que cela.

Mais il connait le piège maintenant…