Dans les faits, c’est un jeu qui peut être amusant. On s’enlace et on voit qui réagit en premier. Cela pourrait même remplacer le jeu de la bouteille qui tourne. Ou celui dans lequel on doit s’enfermer à deux dans un placard pendant que d’autres chronomètrent.
Mais en réalité, c’est un cauchemar pour moi.
Je fais partie des garçons à l’érection facile. Ce qui pourrait être vu comme quelque chose de positif, m’a cependant conduit, moi, à complexer et à redouter toute interaction avec un garçon qui n’est pas mon petit copain.
J’ai toujours été comme ça. Une machine à érection. Ma vie est faite de moments quelconques – comprendre simples accolades amicales, où j’ai enlacé des garçons et réagi. Alors qu’eux, non. Et cela m’a très tôt amené à considérer que c’était anormal et gênant. A éviter, donc.
C’est pourquoi, alors qu’il y a encore quelques années j’étais du style très câlin, j’ai fini par limiter mes interactions physiques rapprochées à Kévin Bacon et je suis devenu une pierre avec les autres garçons. Repoussant autant que possible toute proximité.
Quand bien même il s’agissait d’une réaction naturelle, d’un réflexe mécanique ou d’un manque de concentration, je ne pouvais plus laisser mon corps me trahir.
Comme pour mes émotions que je tente de toujours maîtriser, le control freak que je suis a décidé que je ne devais plus jamais me faire avoir par mon corps.
Notamment quand certains garçons jouent au jeu du Enlaçons-nous pour voir qui bandera en premier sans te prévenir. Tu penses innocemment que le garçon n’y a pas prêté attention ou qu’il ne s’est pas imaginé des trucs.
Jusqu’au détour d’une conversation ou d’un message, où il te le rappelle quelques fois longtemps après. Et tu comprends que tu t’étais fait avoir.
L’un d’entre eux m’avait d’ailleurs carrément envoyé ce meme avec comme message « tu te rappelles ? ».
Et je me demande du coup qui est le plus vicieux des deux. Celui qui ne contrôle pas son érection ou celui qui avait une idée derrière la tête.
Je n’ai jamais joué à ce jeu.
Mais je me souviens néanmoins qu’une fois c’était arrivé à quelqu’un d’autre qu’à moi. Un ami encore plus control freak.
Juste après ma dernière rupture. Il m’avait proposé de dormir chez lui. Alors qu’il était dans mon dos, à me consoler, j’avais pu le sentir. Gêné, Il s’était rapidement excusé.
Mais, moi. J’étais tellement content.
C’était la première fois que cela arrivait à quelqu’un d’autre qu’à moi depuis ce moment. (petits amis exclus) Et ça m’avait rassuré.
Je n’étais pas le seul.