Journal de Bord Éternel

Mélancolie Apocalypse, Psithurisme Nostalgique

Confiné.

J’ai toujours été très solitaire.

Je me souviens de moi. Ado. Dans ma chambre-forteresse. Passant mon temps à dessiner ou à écrire des histoires. Pendant que mes Frères sortaient avec leurs copains et faisaient du foot.

Je me souviens de moi. Jeune adulte. Dans mon appart. A bloguer alors que j’entendais les gens dehors se regrouper et passer le temps.

La vérité. C’est qu’intérieurement. Je sais que je pourrais rester enfermé plusieurs jours sans ressentir le besoin de voir quelqu’un. Parce que j’apprécie de me retrouver seul. Avec Moi. Dans mon monde.

J’ai toujours ressenti le besoin de m’enfermer. De m’isoler. Sans autres voix. Juste Moi.

C’est d’ailleurs amusant. Comme. Dans ma tête. « S’évader » signifie « m’isoler ». L’image que j’ai de l’évasion me renvoie toujours à moi, seul, entre quatre murs. Je m’évade dans mon monde.

C’est véritablement en commençant à travailler à temps plein et à sortir avec des garçons que j’ai compris que ce n’était pas compatible avec une vie d’adulte.

J’ai dû procéder à des ajustements. Pour ne pas blesser mes proches par ce côté trop solitaire. Pour ne pas perdre davantage d’amis, frustrés par mes silences radios. Et pour ne pas repousser les garçons, refroidis à l’idée de ne pouvoir vraiment entrer.

J’ai donc appris à sortir. A donner des nouvelles. A prendre des nouvelles (le plus dur). A répondre « oui » à des propositions de diners/soirées, alors que je n’avais qu’une envie, rester/rentrer chez moi.

Et j’ai eu de la chance. J’ai rencontré un garçon (presque) aussi solitaire que moi. Et nous avons pu accorder nos rythmes et synchroniser nos natures de façon à ce que ni l’un ni l’autre ne se sente brusqué ou forcé à changer.

Alors vous pensez bien que non. Je n’ai pas eu peur de devoir me confiner seul. Au contraire. C’est qui je suis. J’ai l’impression de revivre ce que j’ai toujours aimé faire plus jeune et que j’ai un peu perdu avec ma vie d’adulte.

Je n’ai pas mal vécu le fait de me retrouver avec moi-même.
Je n’ai pas mal vécu le fait de devoir limiter mes interactions avec les autres.
Je n’ai pas mal vécu le fait de ne pas parler pendant de longues heures.
Et je n’ai pas mal vécu le fait de devoir m’occuper.

Non. Moi. Ma vraie crainte. C’est de m’enfoncer davantage dans ce côté solitaire. Et d’avoir du mal à en sortir par la suite.

Psithurisme Nostalgique

Mathieu et L’eau de Kenzo.

J’avais senti à nouveau ce parfum à la fin de l’année dernière. Et c’est amusant comme il fait toujours ressurgir ce souvenir en particulier.

Nous sommes à l’été 2002. Ce fameux été, où, sur Gayvox, j’avais fait la rencontre de plusieurs garçons.

Des petits moments assis en terrasse ou à se balader dans Paris. Des têtes à têtes le plus souvent infructueux. Mais qui m’ont donné l’occasion de découvrir des personnalités et vies différentes.

Parmi les plus agréables. Comprendre – flirt. Il y a eu Mathieu.

25 ans. 1m90 – brun. Soit à peu près tout ce que je recherchais chez un garçon à l’époque.

Seulement voilà. Il était déjà plutôt tard dans l’après-midi. Et Mathieu habitait en très lointaine banlieue parisienne. A l’opposé même de là où j’habitais.

Mais j’avais 19 ans. Et à 19 ans…

Après un long périple en bus, métro, RER D puis bus à nouveau. J’arrivais chez lui.

Il était grand. Très mignon. Et il sentait très bon.

On a discuté. Longuement. Très longuement. Suffisamment pour qu’il me soit impossible de rentrer chez moi. Et il m’a proposé de dormir avec lui.

Il a retiré son T-Shirt pour ne se mettre qu’en sous-vêtements. Il avait cette ligne de poils allant du nombril et disparaissant sous le boxer. Et je crois que c’est la première fois que je craquais là-dessus.

L’odeur de sa peau mélangée à celle de son parfum était absolument irrésistible. Une alliance parfaite. Si parfaite que je n’ai pu me contenir.

Et après avoir flirté – vous n’en saurez pas plus, nous nous sommes endormis.

Je lui avais demandé quel était son parfum. L’Eau de Kenzo. Et, depuis. Même si nous ne nous sommes vus qu’une simple et unique fois, ce parfum me renvoie dans son appartement, au moment même où, assis sur son lit, je le regardais se déshabiller.

Mélancolie Apocalypse

The Swamps of Sadness.

Cette année. La liste des personnes qui ne m’ont pas souhaité mon anniversaire s’est encore agrandie.

Et j’avoue que chaque année qui passe ne fait qu’accroître ce trou dans mon coeur.

L’année dernière, j’avais réussi à faire bonne figure et à tenir bon jusqu’à la fin du mois de Décembre. Où j’avais finalement fini par craquer un soir en rentrant avant de tout ravaler et de faire comme si de rien n’était.

Mais j’en suis arrivé à redouter mon anniversaire. Parce que je savais que les noms de ceux qui allaient l’oublier éclipseraient les noms de ceux qui y penseraient.

Et L’oublier s’est traduit en M’oublier.

Je me demande souvent sur ce blog si les gens pensent à moi comme je pense à eux. Et il m’est finalement apparu qu’il s’agissait là de la réponse finale.

C’est la malédiction liée à ma mémoire particulière. Et certainement aussi à la place que je vous offre dans ma vie, ma tête, et mon coeur.

J’ai eu envie de tagguer dans le ciel d’aujourd’hui un message à ceux qui occupent une place spéciale dans mon coeur et qui m’ont oublié.

A Ceux qui ont fini par ne plus me le souhaiter alors que je continue à leur souhaiter. A Ceux qui continuent à me le souhaiter en retard année après année sans jamais le noter quelque part.

Et à tous ceux qui ont fait que je ne me suis absolument pas senti spécial le jour de mon propre anniversaire.

J’abandonne.

Psithurisme Nostalgique

Les amours de vacances.

Cet été-là, j’étais tombé amoureux de trois garçons différents.

J’avais neuf ans. Nous étions dans le sud de la France avec mes parents. A Tuchan. Dans un village de gîtes.

Ils s’appelaient Alban. Chris. Et Norman.

Voici mes souvenirs d’eux.

Je m’étais d’abord lié d’amitié avec Alban. 15 ans. Belge costaud aux yeux foncés. On passait notre temps dans la salle télé du village de vacances. Je craquais sur son grand frère, Chris.

Un jour. Alban et moi parlions de son frère et des filles avec lesquelles il sortait. Ce qu’ils faisaient et comment il les embrassait. Et nous avons commencé à mimer des baisers.

Assis sur ses genoux. La main sur sa bouche pour que nos lèvres ne se touchent pas. Nous avons imité son frère embrassant les filles qu’il draguait.

Je crois que rien n’avait été plus excitant que ce moment-là.

Et lorsque je me suis relevé. J’ai remarqué qu’Alban était en érection.

Son frère, Chris, lui, devait avoir 20 ans selon mes souvenirs. Il était grand, blond, fin et musclé. Et il avait les yeux bleus.

J’essayais d’attirer son attention constamment. Je crois que je ne me rendais pas compte. J’avais neuf ans. C’était un adulte. Dans quel monde est-ce que je pouvais être une alternative crédible aux superbes filles avec lesquelles il sortait ?

C’était absurde.

Et c’est arrivé. Il était assis au bord de la piscine. Et je l’ai poussé dans l’eau. Je ne sais pas ce qui m’a fait penser que c’était le plan idéal pour qu’il finisse par tomber amoureux de moi. Mais évidemment ça ne l’a pas été.

Lorsqu’il a sorti sa tête de l’eau, il a hurlé un « sale gosse » en rigolant.

Et pour la première fois de ma vie, on m’avait remis à ma place. Quelqu’un avait mis mon moi-intérieur face à mon moi-physique.

Je n’étais qu’un gamin.

Norman avait 17 ans. Il était sourd et muet. Sa soeur avait flirté avec Chris. On écrivait ce que l’on voulait se dire sur des bouts de papiers. Je crois que c’est à cause de Norman si je suis fasciné par la langue des signes et surtout si je craque pour chaque personne que je vois signer.

Je me souviens du matin où Norman et sa famille sont partis. Assis dans la voiture de ses parents, Norman a pleuré en me disant au revoir.

Je crois que, si je devais retourner dans le passé, je retirerais ma main de la bouche d’Alban pour que nos lèvres se touchent. Je ne pousserais pas Chris dans l’eau. Et je garderais le contact avec Norman de façon à pouvoir le revoir par la suite.

Mais il n’y a pas de retour en arrière possible. Et chaque été. J’ai craqué pour de nouveaux garçons en vacances. Je me rappelle du nom de la plupart d’entre eux.

Se souviennent-ils de moi ?

Regrettent-ils aussi de ne pas m’avoir embrassé ?

Les Garçons, Mélancolie Apocalypse

J’attends toujours.

Pourquoi est-ce que je me souviens de leur date de naissance à Eux ? Mais pas de la sienne à Lui ?

Alors qu’il me manque tellement. Et qu’il m’arrive encore d’avoir la gorge serrée quand je pense à Lui.

Rechercher sa date de naissance. Et fouiller mon vieil iPhone pour la retrouver.

Le 8 Février.

Retrouvée dans nos derniers échanges. Entre je t’aime-s et reproches.

Il y avait aussi les détails de notre dernier rendez-vous. Le 9 Juillet 2010. Dans ce Starbucks.

C’était la fin. Tu m’as laissé le choix entre tourner la page et t’oublier ou accepter de ne plus avoir de nouvelles de toi, jusqu’à ce que tu le décides.

Et bientôt neuf ans plus tard. Ma main dans le vide attend toujours que tu le/te décides.

Bon anniversaire en retard. Dan.

Journal de Bord Éternel

2009 – 2019

2019. Déjà. D’un coup. 36 ans. Le Futur.

Les choses qui ont changé. Celles qui ne changeront jamais.

Apparemment en 2019. Je suis toujours Beur-Boy. Et je blogue toujours. Je suis toujours dans mon salon. Avec soit un haut. Soit un bas. Mais jamais les deux en même temps.

A mes pieds. Toujours une bouteille de coca et du chocolat. Rien ne semble avoir changé. Et pourtant tout.

Je travaille avec des personnes qui ont mon âge de 2009 voire moins. Et je leur dis souvent, lorsqu’elles me parlent de leurs vies compliquées, que si j’avais su alors ce que je sais maintenant, ma vie en 2009 aurait été tellement plus simple.

Vieillir et mûrir.

Mon corps a changé. Mes cheveux sont partis. Je ressemble enfin pleinement à un garçon. J’ai des formes. Des fesses. Des poils. Mon visage n’est pas encore réellement marqué. Je ne me trouve toujours pas spécial physiquement. Encore aujourd’hui. J’aimerais être beau. A couper le souffle.

J’ai vieilli.

J’ai appris à dire non. Je me suis endurci. Les gens que je rencontre maintenant me disent que de prime abord, je suis quelqu’un de fermé. Je ne suis pas émotif et je dois souvent m’excuser d’être sans filtre. Je déteste que l’on me touche et je ne supporte pas les contacts rapprochés.

J’ai mûri.

J’ai l’impression de tout savoir. Je hausse les yeux en entendant les jeunes parler dans le métro. J’ai de l’expérience dans tout et je peux être de bons conseils. Je ne suis plus à la page dans bien des domaines. Je suis devenu un vieux con. Je regarde des séries qui ont mal vieilli et boude les nouvelles. J’ai musicalement basculé dans l’Alternative et ne pourrais pas dire ce qui passe actuellement à la radio.

Je suis devenu l’anti-moi-2009.

2009. C’était une année de Fins. De fins de cycles. Qui annoncent de nouveaux départs. Comme des Révolutions. De nouvelles histoires. Une Nouvelle Histoire.

Kévin Bacon et moi sommes mariés et avons ouvert une crêperie-couscous au Japon. Notre fille a quatre ans et je rêverais qu’elle soit un peu plus garçon-manqué. Non attendez ça c’est 2029.

Cette année. Si notre course à travers les étoiles maintient son cap. Kévin Bacon et moi fêterons nos dix ans. Il est arrivé après ce que j’ai bêtement appelé l’Accident. Et Il est toujours là.

Mais la vérité c’est qu’il n’y a jamais eu d’Accident. Chaque évènement de 2009 a trouvé une réponse, une solution, un renouveau.

Et dix années plus tard, il est amusant de voir quels contrepoids le Temps a apporté à tous ces changements pour maintenir ma Balance Cosmique.

Du coup. Je l’avoue. 2019 me terrifie un peu. Que me réserve cette année ?