Et si je me contentais de photos cette fois ?
Pour moi. Il ne fait pas de doute que certaines personnes puissent être nos âmes soeurs sans qu’il ne s’agisse nécessairement d’une relation amoureuse.
Et on les reconnaît. À ce lien indéfectible qui nous unit. Par delà le temps et l’espace.
On le voit également. À la force de nos sentiments. L’impossibilité de qualifier la relation qui nous lie avec les mots usuels. Amour et Amitié n’étant, chacun dans leur domaine, pas assez forts pour définir ce que nous ressentons exactement.
C’est également ce qu’il y a de plus frustrant. Cette impression de ne pas être en mesure de désigner ceux qui ne sont ni des Amoureux ni de simples Amis.
Lorsque Cayetano et moi avons rompu. Dans une galaxie très lointaine. Il avait utilisé le terme Amireux. Mais aujourd’hui encore, j’ai l’impression que ce mot définit un stade intermédiaire entre Amour et Amitié, là où Âme Soeur les transcende.
Alors pourquoi pas tout simplement Âme Soeur ?
Ou y a-t-il un mot étranger parfait pour ce que nous ressentons ?
Et est-ce que cela doit être réciproque ?
Je ne sais pas exactement combien de fois j’ai eu le coeur brisé. Mais je sais que c’est arrivé. Ce blog l’a raconté et en garde les marques.
Le premier garçon à m’avoir brisé le coeur l’a sans doute oublié. Comme tous les autres d’ailleurs.
Moi-même, est-ce que je me souviens de ceux à qui j’ai fait du mal ? Mauvaise question. Oui. Moi, je suis obligé de me rappeler.
Qui étais-je ?
Qui ? Je ne sais pas. Comment ? Ça, je peux le dire. Je le sais.
J’étais moins fort. Moins armé à me remettre de ces moments où l’on se sent seul au monde et désemparé. Ces moments où l’on repense à celui qui nous a fait du mal et où notre ventre se tord.
Suis-je pour autant davantage prêt à le revivre ? Je ne veux même pas y penser.
J’étais certainement un peu plus insouciant. Peut-être un petit peu plus naïf. Innocent ? Sans doute. Un peu plus arrondi. Moins carré. J’ai cette impression que les ruptures nous cassent pour nous faire entrer dans des moules de nous adultes. Différents.
Doit-on forcément être démoli pour se relancer dans la quête d’un Autre qui nous irait mieux ? Doit-on souffrir pour évoluer et grandir ?
Je ne le sais pas. Ce que je sais par contre. C’est qu’une fois la reconstruction terminée. Lorsque l’on se remet à sourire. Quand les mauvais souvenirs laissent leur place aux meilleurs.
On se rend compte que l’on est devenu beaucoup plus fort. Invincible, même.
C’est pourquoi à la question. Qui étais-tu avant qu’ils ne te brisent le coeur ? Je répondrai toujours.
J’étais Moi, moins la force de l’affronter.
Il y a ces boîtes à la maison. Celles dans lesquelles j’ai mis les photos de nous. Celles de l’époque où je m’empressais de les faire imprimer. Pour vous avoir sur mon mur.
Parce que je vous ai aimé. D’amour. D’amitié. Et d’entre les deux.
En les revoyant. Je souris. Je suis attendri. Je suis triste. Et je suis nostalgique. A chacun d’entre vous, j’aimerais dire.
Tu compteras toujours pour moi, même si nous ne sommes pas ensemble et même si nous sommes loin, très loin, l’un de l’autre.
Ma porte n’a jamais été fermée. Elle ne le sera jamais. Et à quelques jours de la fin de cette année catastrophe. J’aimerais vous dire que je pense toujours beaucoup à vous.
J’écrivais ici sur vous. Sur Nous. Parce qu’il y a une décennie maintenant. Chacun d’entre vous. À sa manière. M’a fait me sentir spécial, unique. Et je ne l’oublierai jamais.
Je ne vous oublierai jamais.
Je déteste perdre le contrôle de mes émotions.
M’emporter. M’énerver. Pleurer. Devant quelqu’un. Me donnent l’impression d’être vulnérable. Et je ne le permets pas.
Comme je vis très mal ce qui arrive une fois que l’on s’est énervé – c’est-à-dire les regrets, la culpabilité, le fait d’avoir été à nu et/ou le fait de passer pour un hystérique – je préfère prévenir. Et m’éloigner.
Je ne me fâche pas. Je deviens distant.
Cela me permet d’analyser la situation. Trouver une solution qui ne m’expose pas et me convienne. Ne pas agir sous l’effet de l’impulsion. Et parfois, cela me permet de tout simplement fermer la porte à une personne que je jugerais décevante.
Parce que plus que tout. Je déteste être déçu.
Je suis zen. Très stable. Trop, selon certains. Ce qui a renforcé l’idée que j’étais devenu un robot.
Devenu. Parce que je n’ai pas toujours été comme cela.
Autrefois, j’étais à vif. Une tempête d’émotions qui pouvait s’abattre sur n’importe qui. N’importe quand et n’importe comment. Il suffisait d’un déclencheur et c’était la catastrophe. Berserk.
On n’avait pas répondu à l’un de mes textos. On n’avait pas le temps pour moi. On matait un garçon devant moi…
Je pouvais faire une crise pour tout et rien.
C’est ainsi que je me revois. Quand je repense aux Garçons. Ceux de 2009 et ceux de 2011. Et que je repense à la façon dont je les ai traité.
Grandir. Être dans une relation épanouie et épanouissante. Apprendre à gérer mes émotions. Me fermer aux personnes négatives. Avoir un A.T.Field en béton…
Tout cela m’a amené à me contenir.
Et (presque) toujours à garder le contrôle.
J’adore dire « auto-reverse » pour « versatile ». Je l’avais entendu à l’époque sur radio FG.
Sur les roseaux soucieux, il arrive que les garçons qui n’aiment pas être mis dans des cases parlent du « rôle » qu’ils ont au lit. Ils adorent aussi vous coller une étiquette selon votre apparence ou ce que vous dégagez.
C’est également ce qui a pu m’arriver à plusieurs reprises lors de soirées dans ma vie d’avant.
Seulement voilà. Si avec le temps, nous avons tous plus ou moins réussi à aiguiser nos gaydars pour savoir si tel garçon aimait les garçons ou non, je dois reconnaître qu’en matière de préférence d’emboitement, il reste des progrès à faire.
Ainsi. Non, un garçon efféminé n’est pas toujours un passif absolu. Et ce brun bourru n’est pas actif parce qu’il est « viril ». Ça veut dire quoi « viril », d’ailleurs ?
Doit-on forcément avoir un rôle défini ?
Doit-on l’annoncer immédiatement après son prénom ?
Je n’ai jamais particulièrement aimé parler de ce que je préfère. Et si, avant tout, je trouve cela personnel, d’autres éléments peuvent expliquer mon silence.
Dans la construction de ma propre masculinité et virilité, il m’a longtemps fallu combattre ma propre « bottom shame ». Si aujourd’hui, j’ai l’impression que les garçons n’ont plus trop ce genre de complexe, ce n’était pas la même chose il y a dix ans, selon moi.
Mais. Me concernant. C’est aussi et surtout parce que justement, je n’ai pas de préférence. Cela dépend tellement du garçon avec lequel je suis.
Plus qu’un rôle ou une position attitrée. C’est un feeling.
Tous les garçons ne me donnent pas envie de la même chose. Et tous les moments ne me donnent pas envie de la même chose non plus.
J’aime donner et prendre du plaisir. Peu importe l’assemblage. Si assemblage il y a d’ailleurs.
En cela, je trouve qu’être versatile peut-être une bénédiction. Les garçons auto-reverse ont plus de fun. Ou du moins. Une variété plus large de fun.
Mais. Quoi qu’il en soit. Jouez. Donnez et prenez du plaisir.