Psithurisme Nostalgique

iwak #2 – brin, mèche.

Mon rêve idiot d’adolescent – adolescente* futile, c’était d’avoir les mèches sur les yeux. J’enviais les personnages de mangas et leurs cheveux raides.

Et je ne comprenais pas pourquoi mes frères et moi ne partagions pas la même nature de cheveux. Souples et lisses pour les leurs, secs et frisés pour les miens.

Je voulais que mes cheveux forment des mèches et ondulent au vent. La vérité. C’est que même sous la plus forte des tempêtes, ils ne bougeaient pas.

J’ai massacré mes cheveux pour qu’ils reflètent l’image de moi que j’avais à l’intérieur. Je les ai lissés et lissés comme je le pouvais. Au sèche-cheveux, au lisseur, ou même simplement en dormant avec un bonnet. J’ai passé mes trois années de lycée à les torturer sans cesse.

Puis l’arme ultime. La bombe atomique pour cheveux. Le défrisage.

Je les ai défrisés jusqu’à les tuer un beau jour de 2006. Le jour où je suis arrivé au travail avec une casquette que j’ai refusé de retirer.

Et au moment où j’ai découvert qu’avoir les cheveux frisés et bouclés pouvait être joli. Au moment, où je me suis décidé à les laisser vivre leur vie…

Mme Calvitie la connasse est arrivée.

Cette saloperie.

* je n’ai jamais été une fille, mais je crois pouvoir dire que je n’ai pas non plus été un garçon-garçon étant plus jeune.

Journal de Bord Éternel, Psithurisme Nostalgique

iwak #1 – poisson.

Je suis le mouvement découvert chez Matoo et initié par Kozlika.

Je fais déjà Inktober pour les dessins mais je trouvais fun de le faire aussi sous cette forme. Voir ce que je peux écrire juste en pensant à un mot et quels souvenirs cela fera ressurgir.

C’est parti pour l’Inktober With A Keyboard – #iwak.

***

Mon premier souvenir de moi à l’eau remonte à mes cinq ans. L’année où mon petit frère, quatre ans, se lançait pour la première fois sans ses brassards.

Je nageais déjà très bien.

C’était à la piscine de la résidence de vacances au Cap d’Agde. Et nous y sommes allés deux ans à la suite.

Papa nous a appris à nager très tôt. Je crois qu’il voulait que nous devenions de parfaits poissons.

Mais. Bien sûr, moi je voulais être une sirène.

Mélancolie Apocalypse, Psithurisme Nostalgique

Delete Forever?

J’avais besoin de ces trois semaines de vacances.

A vrai dire. Peu m’importait l’endroit. Je souhaitais marquer une pause. Et ne plus penser. L’espace de quelques jours. A tout ce qui m’alourdissait.

Comme une fin de saison typique d’une série américaine prévisible. Une accumulation d’événements et de coïncidences me menait à une situation difficile à gérer.

J’étais épuisé. Et j’avais besoin d’un moment.

La situation anxiogène globale concernant le Virus. L’absence de vision claire. Des scènes du quotidien ressemblant maintenant à celles de films de science-fiction. Des masques partout. Tout le temps.

Le petit mal de tête autrefois anodin qui crée la panique et te pousse tantôt à ne pas faire la bise à tes parents vulnérables de peur de les infecter. Et tantôt à vouloir carrément t’isoler au cas où.

Mais tu ne peux pas t’isoler. Tu veux être là pour aider un maximum tes parents qui vieillissent. Parce que tu sais que ce n’est que le début. Et au détour d’une conversation, pour expliquer à une amie ce qu’est Alzheimer, tu mets finalement à haute voix des mots sur ce qui arrive à ton Père.

Chaque jour, il va perdre en autonomie. Et paradoxalement, chaque jour, il ira mieux que le lendemain.

Alors, oui. Tu souris aujourd’hui parce que pendant quelques minutes il t’a confondu avec un vieil ami et t’a demandé en quelle année tu étais arrivé en France. Mais quand ton sourire s’estompe, tu saisis aussi qu’un jour il n’y aura plus rien. Plus un seul souvenir. Ni de ce vieil ami. Ni de toi.

Tu habites le plus près. Et tu vis seul. Tu n’as pas (encore) lancé ta famille. Alors tu te dis que tu dois aider un maximum. Mais tu ne te reposes pas assez. Parce que tu crois comme toujours que tu es invincible et/ou sept personnes à la fois.

Et puis. Les nouvelles au boulot ne sont pas bonnes. Tes perspectives d’évolution au travail s’amoindrissent. Le virus a, là aussi, tout balayé. Et tu apprends quelques jours avant tes vacances que ça ne sent pas bon. Et que c’est bientôt la fin.

Tu souris et tu l’encaisses. Sans réellement en parler. Pour n’inquiéter ni les parents ni les proches. Tu te montres confiant. Tout ira bien. Et tu ranges ça très loin au fin fond de ton estomac là où tu caches tout habituellement.

Et la veille du départ. Tu demandes à une personne de ne plus te suivre sur les réseaux sociaux et de ne plus te contacter. Parce que depuis longtemps déjà tu ne saisis pas pourquoi toi. Pourquoi ces messages. Pourquoi ces interactions compliquées.

Et comme toujours quand tu dois être dur avec quelqu’un. Tu finis par avoir des remords. A imaginer le pire pour cette personne parce qu’il ne poste plus rien depuis. Et à t’en vouloir.

Mais la perspective qu’une personne que tu ne connais pas réellement ait accès à des informations privées, se souvienne en détail de choses sans importance que tu as écris il y a mille tweets, fait que tu t’assieds un instant au milieu de chez toi.

Et que tu te dises que tu dois tout couper.

Alors tu prends l’avion au petit matin et tu souffles un bon coup.

Et trois semaines plus tard, tu reviens.

Les Garçons, Pretanama

Mes Marches des Fiertés.

C’est la fin du mois des Fiertés. Et il a été plutôt fade.

Comme le Ramadan. Le Covid-19 a retiré leur saveur à mes deux rendez-vous annuels d’enfant stellaire*.

Pas de Marche des Fiertés en Juin cette année. Reportée à Novembre. Mais ce weekend, mes souvenirs des Marches passées sont venus me hanter comme pour me rappeler qu’elle aurait dû avoir lieu samedi dernier.

Je me suis souvenu de ma première Marche. En 2002. L’Euphorie de me retrouver entouré des miens mêlée à la tristesse de ne pas encore connaître de LGBT+. Je m’étais assis sur les marches à Bastille, seul, à observer la foule. Just a little more love de David Guetta dans l’air. Et c’est ce dont j’avais besoin. Juste un peu (plus) d’amour.

Je me suis souvenu de la Marche de 2007. Celle où j’ai rencontré Atypik. J’étais perdu dans la foule et n’arrivais pas à rejoindre le groupe des pédébloggueurs. J’étais désespéré et prêt à abandonner quand je l’ai finalement aperçu. Je lui ai alors directement pris le bras et lui ai dit « je ne te quitte plus ». Je ne le connaissais pas mais je me sentais si bien avec lui que je l’ai enveloppé de tendresse. Et en relisant le billet que j’avais écrit à l’époque, je dois admettre que j’étais immédiatement tombé amoureux de ce garçon.

En 2008, j’ai marché avec Peio. En 2009, Barry. 2010, Bradshaw. 2011, Djo et Les Filles. 2012, Cayetano et mes petits suisses préférés. Chaque année, je guettais aussi l’instant où j’allais pouvoir croiser le groupe de Matoo et profiter de l’occasion pour voir Jolies Lèvres.

Mais les Marches étaient devenues différentes. Je n’étais plus ce garçon qui ne connaissait personne. Je n’étais plus en manque d’amour. Je marchais maintenant avec l’Homme de ma vie. Et plus rien ne me paraissait plus extra-ordinaire que cela.

Je ne sais pas comment sera la Marche de Novembre. Mais, comme à chaque fois, j’aurai une pensée pour mon Moi-2002. Seul assis sur les marches de Bastille. Souhaitant se mêler. Se mélanger. Se fondre dans cette masse d’amours. Et je m’imaginerai lui envoyer un message. Ou juste une photo de Kévin Bacon et moi.

Marchant ensemble.

PS : j’ai aussi pris un énorme coup de vieux ces dernières années en ne reconnaissant pas ou peu les chansons qui passent sur les chars…

* Pretanama à tous les LGBT+ racisés et/ou croyants.

Mélancolie Apocalypse, Psithurisme Nostalgique

Confinement of the Daleks.

Je suis donc strictement confiné depuis le 24 Mars. Je ne sors qu’une fois par semaine pour aller faire des courses.

Mes journées sont plus ou moins routinières. J’ouvre les yeux vers 8h22 peu importe l’heure tardive à laquelle je me suis couché. Sans doute à cause du soleil qui rentre dans ma chambre. Je les referme et me réveille beaucoup plus tard. Je traîne au lit. Je joue à Mario Kart sur mon téléphone. Je faisais même du sport avant le Ramadan. J’écoute de la musique en rangeant. Je cuisine. Je regarde de vieilles séries en dessinant. Et je me couche lorsque le soleil se lève.

En me connectant à Houseparty. J’ai eu l’impression d’être Clara Oswald lors de sa première apparition dans Doctor Who à l’épisode Asylum of the Daleks.

J’ai eu cette image de Clara. Seule. Répétant les mêmes gestes chaque jour. Jusqu’à l’apparition du Docteur sur son écran. Et je me suis dit que j’étais devenu Soufflé Girl.

Enfermé dans mon Dalek.

Lorsque j’écoute de la musique. Mon petit jeu. C’est de dire à haute voix le nom de la personne à qui elle me renvoie. C’est amusant et à la fois triste. Le fait d’avoir attribué, plus ou moins inconsciemment, des musiques à des personnes et/ou des moments.

Par exemple, je sais que chaque fois que Mariners Appartment Complex de Lana Del Rey passe, je pense à Barry. C’est comme ça. Pas autrement. Elle est sortie quand il nous a quitté.

Je n’ai pas pu écrire « mort ».

En fait. Chacun de mes Chagrins à au moins une chanson dans cette putain de bibliothèque iTunes. Je devrais en faire une playlist et la partager un jour.

J’ai dit Chagrins ? Je voulais dire Garçons.

Je suis dans mon appartement depuis maintenant 15 ans. Et j’en ai accumulé des choses. Alors j’ai décidé d’utiliser le confinement pour trier, ranger un peu et faire de la place. J’ouvre des boîtes cachées dans des placards. Et c’est un peu Schrödinger. Je ne sais pas si je vais sourire ou avoir le spleen en en voyant le contenu.

J’ai la sensation de découvrir une autre personne à chaque fois. J’ai retrouvé le fameux journal intime de 2002. Des brouillons de billets de blog énigmatiques et très durs. De vieux CD gravés avec des musiques oubliées, des vieux clips, des photos ou du porno. Une pile de très vieux Têtu. Des cartes postales et des flyers de soirées.

Des flyers de soirées… Mon Dieu je suis devenu un dinosaure.

Côté séries. J’avais déjà refait Six Feet Under, Sex and the City et True Blood avant le Confinement. Du coup, là, j’ai opté pour Desperate Housewives et j’ai très envie de faire l’amour avec Carlos Solis.

Il me fait penser à un oncle lointain sur lequel je fantasmais étant (très) jeune. Je l’imaginais s’allonger sur moi. Et ça suffisait à me faire décoller.

Il me fait aussi penser à Andy Onassis. Vous chercherez quand vous serez seuls chez vous. Lui, j’imagine même l’odeur de sa peau tant il m’excite.

Cela fait maintenant plus d’un mois que je suis enfermé.
Chez moi ou à l’intérieur d’un Dalek.

Et je crois qu’en fait, je ne mets pas uniquement de l’ordre dans mon appartement.

Mélancolie Apocalypse, Psithurisme Nostalgique

Confiné.

J’ai toujours été très solitaire.

Je me souviens de moi. Ado. Dans ma chambre-forteresse. Passant mon temps à dessiner ou à écrire des histoires. Pendant que mes Frères sortaient avec leurs copains et faisaient du foot.

Je me souviens de moi. Jeune adulte. Dans mon appart. A bloguer alors que j’entendais les gens dehors se regrouper et passer le temps.

La vérité. C’est qu’intérieurement. Je sais que je pourrais rester enfermé plusieurs jours sans ressentir le besoin de voir quelqu’un. Parce que j’apprécie de me retrouver seul. Avec Moi. Dans mon monde.

J’ai toujours ressenti le besoin de m’enfermer. De m’isoler. Sans autres voix. Juste Moi.

C’est d’ailleurs amusant. Comme. Dans ma tête. « S’évader » signifie « m’isoler ». L’image que j’ai de l’évasion me renvoie toujours à moi, seul, entre quatre murs. Je m’évade dans mon monde.

C’est véritablement en commençant à travailler à temps plein et à sortir avec des garçons que j’ai compris que ce n’était pas compatible avec une vie d’adulte.

J’ai dû procéder à des ajustements. Pour ne pas blesser mes proches par ce côté trop solitaire. Pour ne pas perdre davantage d’amis, frustrés par mes silences radios. Et pour ne pas repousser les garçons, refroidis à l’idée de ne pouvoir vraiment entrer.

J’ai donc appris à sortir. A donner des nouvelles. A prendre des nouvelles (le plus dur). A répondre « oui » à des propositions de diners/soirées, alors que je n’avais qu’une envie, rester/rentrer chez moi.

Et j’ai eu de la chance. J’ai rencontré un garçon (presque) aussi solitaire que moi. Et nous avons pu accorder nos rythmes et synchroniser nos natures de façon à ce que ni l’un ni l’autre ne se sente brusqué ou forcé à changer.

Alors vous pensez bien que non. Je n’ai pas eu peur de devoir me confiner seul. Au contraire. C’est qui je suis. J’ai l’impression de revivre ce que j’ai toujours aimé faire plus jeune et que j’ai un peu perdu avec ma vie d’adulte.

Je n’ai pas mal vécu le fait de me retrouver avec moi-même.
Je n’ai pas mal vécu le fait de devoir limiter mes interactions avec les autres.
Je n’ai pas mal vécu le fait de ne pas parler pendant de longues heures.
Et je n’ai pas mal vécu le fait de devoir m’occuper.

Non. Moi. Ma vraie crainte. C’est de m’enfoncer davantage dans ce côté solitaire. Et d’avoir du mal à en sortir par la suite.